Dans ces analyses du roman de Laclos, Les liaisons dangereuses, je n’insisterai pas beaucoup sur l’aspect strictement littéraire. Primo, parce que je ne me sens pas compétent, secundo parce que ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus.
Ce qui attire davantage mon attention, c’est ce qui, dans ce roman, donne l’occasion de penser, en particulier par rapport au thème au programme : « faire croire », que j’entendrai aussi sous sa forme pronominale (« se faire croire ») puisque l’un ne va pas sans l’autre : si la véracité de l’émetteur a besoin de la crédulité du récepteur, il en va exactement de même de la tromperie, qui ne peut fonctionner qu’en étroite « collaboration » (involontaire) du récepteur crédule (qui a le désir de croire). Il faut même que cette crédulité soit plus grande que pour une information véridique, le mensonge étant parfois plus difficile à « avaler » que celle-ci.
Pour ce qui est des jugements de valeur, qui ne m’ont jamais intéressé dans le domaine de la recherche de la vérité (c’est différent dans le domaine de l’action où il faut manifester des préférences), je ne les utiliserai ni pour encenser l’oeuvre (parce qu’elle dirait des vérités sur les rapports humains, l’ancien régime, sur l’amour, le sexe, etc.), ni pour la condamner (parce qu’elle montrerait la dépravation des hommes et des femmes à un degré abominable, et qu’elle susciterait le désir d’embrasser une vie de débauche). Ce sont les mécanismes du « faire croire » que je souhaite mettre à jour.
Je vais quand même énoncer les deux de jugements de valeur opposés au sujet de cette oeuvre (pour mémoire) :
1)- le jugement éthique (ou moral) : Merteuil et Valmont seraient d’odieux personnage issus de l’ancien régime qui entretiendrait l’injustice qu’on rencontrerait partout, dans les rapports de domination entre nobles et roturiers, entre riches et pauvres, entre hommes et femmes, entre vieux et jeunes. Ce monde féodal serait corrompu, ce « mode de production » (Marx) mériterait d’être détruit et remplacé par une société socialiste puis communiste, où triompheraient les rapports de fraternité et de collaboration. En attendant ce « Grand Soir », l’ancien régime a été remplacé par la société bourgeoise et capitaliste et où la même hypocrisie demeure (les droits de l’homme et la lutte contre le harcèlement côtoient l’exploitation des travailleurs et la licence sexuelle encouragée par la publicité et la pornographie sur l’Internet). Il n’y a là aucun jugement de valeur, je ne fais que constater des faits. Je pense comme Samuel Beckett qui écrivait « ni mieux, ni pire » (mais à propos de tout autre chose).
2)- le jugement tragique (ou amoral) : nous aurions affaire à ce que Nietzsche nomme des « volontés de puissance » qui s’affronteraient. La volonté de puissance ne serait ni exactement une force, ni une puissance, ni un état, ni une possession, mais une tension permanente, universelle (elle animerait tout ce qui vit), un élan vers plus de puissance. Spinoza l’appelle « conatus » (persévérer dans son être), à quoi Nietzsche, qui jugeait à la fois Spinoza comme un frère et comme un ennemi, ajoute l’idée d’accroissement de cette persévération.
On trouve l’idée chez Hobbes (dans le Léviathan, publié en 1651) : « la félicité en cette vie ne consiste pas dans le repos d’un esprit satisfait. (…) Celui dont les désirs ont atteint leur terme ne peut pas davantage vivre que celui chez qui les sensations et les imaginations sont arrêtées. La félicité est une continuelle marche en avant du désir, d’un objet à l’autre, la saisie du premier n’étant encore que la route qui mène au second. (…) je mets au premier rang, à titre d’inclination générale de toute l’humanité, un désir perpétuel et sans trêve d’acquérir pouvoir après pouvoir, désir qui ne cesse qu’à la mort. (…) Et quand cela (avoir acquis ce qu’on désirait) est fait, un nouveau désir vient prendre la place. » Léviathan, Éditions Sirey, 1983, pp. 95-96 ; j’ai ajouté la parenthèse)
Pour le philosophe anglais, le désir ne vise pas simplement la possession de l’objet manquant, pour en jouir, mais, sitôt qu’on en a joui, de désirer un autre objet. Au cours de notre vie, nos désirs visent en général des objets de plus en plus « importants ». Cette importance est relative non seulement aux objets eux-mêmes, mais à leur valeur sociale : l’enfant désire un jouet ; adulte il désire de l’argent, une voiture ; un autre désire être maire, puis conseiller régional, puis député, puis ministre… et ainsi de suite, tant que rien d’extérieur, volonté ou réalité, ne vient stopper sa progression. Et s’il s’arrête en cours de route, c’est que son désir le plus grand s’est dirigé vers un autre objet (famille, béatitude) qu’il juge supérieur.
Il faut même compter avec plusieurs volontés de puissance pour un même être humain. On peut vouloir de l’argent, du pouvoir, des femmes, puis à cause d’un fait qui vient briser le cours de sa vie, vouloir désormais seulement la solitude, la méditation et la vérité. Une nouvelle de Maupassant, L’ermite, met cela en scène. Les volontés peuvent aussi exister simultanément, occasionnant des fêlures, des divisions du moi, entraînant des conflits intérieurs souvent douloureux. C’est un peu ce qui arrive à Valmont qui passe de l’état de libertin prédateur sexuel à celui d’homme amoureux d’une femme prude, la Présidente de Tourvel.
La volonté de puissance « cherche » (en fait, elle rencontre nécessairement) ce qui lui résiste, puisque c’est l’obstacle qui l’oblige à accroître sa puissance. Ainsi, Valmont préfère séduire la pure Mme de Tourvel plutôt que l’innocente Cécile qu’il est si facile de corrompre. Il s’efforcera ensuite de lutter contre sa passion amoureuse pour Tourvel, autre volonté de puissance. Merteuil agit de même en se cherchant et en trouvant sans cesse des ennemis à combattre, ce qui l’oblige à toujours plus de ruse, de dissimulation, d’intelligence et de détermination froide : Germont, Prévan, et pour finir Valmont lui-même, seront ses ennemis (des personnifications de la phallocratie de la société du 18e, à laquelle Merteuil voue une haine féroce). On peut imaginer, une fois en Hollande, que son combat pour retrouver de la puissance reprendra, après une chute vertigineuse.
Nous trouverons dans le cours de l’analyse du roman de nombreuses situations qui renvoient à ces deux lectures (morale et tragique). Je précise, pour ne pas « crypto-influencer », que je préfère la vision tragique à la vision morale (je ne souhaite nullement me voir suivi sur cette voie plutôt étroite et solitaire). Je ne me suis jamais remis de la lecture de Nietzsche dans mon adolescence (mon caractère devait être prédestiné à cette adhésion au tragique).
J’ai dit dans ma présentation (mon premier article sur LLD) que seuls comptent vraiment trois personnages : Merteuil, Valmont, Tourvel.
René Pomeau (qui a écrit l’introduction pour l’édition avec dossier pour les prépas scientifiques 2023-2024) affirme que « c’est Valmont qui occupe la position centrale (du trio). » (Introduction, p. 47). Il me semble que Merteuil est le personnage le plus riche. C’est dans une des plus longues lettres, au milieu du livre qu’elle écrit cette phrase remarquable (en ce qui concerne les rapports entre homme et femme) : « Croyez moi, Vicomte, on acquiert rarement les qualités dont on peut se passer. » (LXXXI, p. 261). Nietzsche a écrit quelque chose qui s’en rapproche beaucoup : « il faut avoir besoin d’être fort : autrement on ne le devient jamais. » (Crépuscule des idoles, § 38). En somme, c’est à la condition d’avoir besoin de force qu’on devient fort : c’est très exactement les conditions dans lesquelles vivent les femmes à la fin du 18e siècle (comme avant et après…). Mais si cette condition nécessaire est non suffisante, sinon rien n’expliquerait la différence qu’il y a entre Merteuil et Cécile. Le caractère et les circonstances jouent aussi : la première n’a pas fait la « mauvaise rencontre » que fait la seconde à peine sortie de son couvent. Une autre formule de Nietzsche, plus connue, dans le même livre, éclaire le destin de Cécile : « §8. À L’ÉCOLE DE GUERRE DE LA VIE. — Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort. » Ce qui rend Merteuil plus forte (jusqu’à sa mort sociale), va « tuer » Cécile en la faisant repartir d’où elle vient à peine de sortir, le couvent (cf. l’article « Personnages principaux du roman… », où je comparais Cécile sortant du couvent et la « naissance » de Jeanne sortant d’un couvent elle aussi dans le roman Une vie de Maupassant. Mais si ce roman s’achève sur une naissance symbolique (le bébé du fils de Jeanne sur ses cuisses), c’est la mort symbolique de Cécile qu’on trouve dans le roman de Laclos (à quoi s’ajoute la mort du foetus qu’elle portait).
Le roman se termine donc sur cinq morts (trois réelles, deux symboliques) : Valmont, Tourvel, le foetus, Cécile, Merteuil. On pourrait s’écrier comme Kurwenal à la fin de l’opéra Tristan et Isolde de Richard Wagner : « Hier wütet der Tod ! » (C’est la mort qui fait rage ici !). Ce n’est peut-être pas un hasard si Merteuil est la seule à se voit nantie d’un avenir : elle est porteuse de vérités qui ont tout le temps de triompher. Si tout menteur connaît la vérité qu’il cache à la victime de son mensonge, il peut en outre disposer d’un esprit doué pour la recherche du vrai, s’il est froid (les sentiments perturbent le jugement), calculateur (la vérité exige du goût pour la précision et l’exactitude), cynique (posséder la faculté de dépouiller l’homme des oripeaux dont on aime l’affubler), sceptique (douter des croyances en vigueur) et doté d’une volonté de puissance pleinement assumée. Or, s’il y a un personnage dans le roman qui possède ces qualités, c’est bien Merteuil. Tous les autres, Valmont compris, se leurrent, soit par naïveté (Cécile, sa mère, etc.), soit par complaisance et mimétisme (Valmont et Tourvel, au moins jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’ils sont piégés par les conventions et les règles de la société de l’époque : elle est mariée sans amour possible, et elle est aimée sans mariage possible, contradiction dont ils meurent, ce qui préfigure les amants romantiques (Tristan et Yseult, Roméo et Juliette sont des amoureux tragiques).
Pomeau reconnaît la supériorité de Merteuil (ce qui n’est certes pas la « centralité »), en écrivant : « Personnage hors du commun. (…) la marquise de Merteuil est celui qui fait la plus forte impression, en notre époque de féminisme volontiers agressif. » (p. 51). Et surtout : « De tous les personnages, Mme de Merteuil est peut-être celui qu’atteint le moins l’ironie cachée du romancier. » Il doit bien y avoir une raison à cela. J’en vois plusieurs : 1)- Merteuil connaît et énonce des vérités sur elle-même, sur les autres, sur l’époque, sur l’être humain en général ; 2)- elle est dotée d’une volonté de puissance inégalée dans le roman ; 3)- elle est le personnage le plus dissimulé du roman. Si elle était restée secrète (en suivant les conseils de Baltasar Gracian, par exemple), elle aurait même quelque chose du surhomme nietzschéen, mais elle n’aurait écrit aucune lettre, ce qui aurait posé un problème à Laclos.
Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que cette femme, pourtant si avisée, se montre imprudente au point de révéler ses pensées les plus intimes et le détails de ses machinations à Valmont, révélations qui la conduiront à sa perte — mais il fallait bien la faire écrire imprudemment, sinon le roman était impossible ; ou alors il aurait fallu que Laclos laisse ce personnage hors de toute ces correspondances, telle une manipulatrice silencieuse, comme un point, non pas aveugle mais muet, au milieu du bavardage des autres. Peut-être que Laclos, marié tardivement, trouvant le bonheur avec une sorte de double de Tourvel, avait le désir de punir cette femme machiavélique. La fin, sur laquelle je reviendrai, paraît témoigner de ce désir de faire triompher la morale : le mal doit être châtié et le bien doit avoir le dernier mot. C’est pourquoi Merteuil et Valmont, les deux sources du mal de l’histoire, seront punis, l’un par la mort en duel, l’autre par la maladie et la ruine. Précisons que Laclos a écrit ce livre à 40 ans et jouissait alors du bonheur que lui donnait sa vie de famille (souvent perçue comme une entrave à une vie vouée à la création). Il écrit d’ailleurs à sa femme, en parlant du roman qu’il va écrire, « qu’il n’existe de bonheur que dans la famille » (cité par Michel Delon, dans sa Préface de l’édition du Livre de Poche, p. 15). Il est vrai que la grande création artistique représente souvent de la souffrance plutôt que de la jouissance, du malheur plutôt que du bonheur. Il détestait certainement la méchanceté, même s’il devait garder un peu d’estime, sinon du respect, pour Merteuil, qui commencera sa nouvelle vie sous d’autres cieux — où elle ne séduira plus puisqu’elle aura perdu les deux principaux atouts de toute séduction : la beauté et la richesse. D’un certain point de vue, elle est devenue une roturière, en somme la femme qui sortira des décombres de la Révolution Française.
Quand Pomeau écrit que Laclos, « comme son maître Rousseau (…) ne sépare pas la politique de la morale » (p. 62), il dit vrai : le roman présente une société corrompue qui doit disparaître. Je ne peux m’empêcher de corriger : une société jugée comme telle (i.e. corrompue*) au regard des valeurs chrétiennes et, quelques soixante dix ans plus tard, socialistes, ce qui est à peu près la même chose, du point de vue de la morale). Laclos n’est pas Shakespeare, il est incapable de voir le tragique de la vie humaine ; ni Molière, ce qui l’empêche de voir la drôlerie des situations (on rit fort peu en lisant Les liaisons dangereuses).
* Après tout, on a le droit de voir les choses humaines, trop humaines, par-delà Bien et Mal (pour emprunter à Nietzsche deux de ses titres de livres, Humain trop humain, et Par-delà Bien et Mal). N’oublions pas que le thème « Faire croire » s’applique évidemment aux oeuvres : les deux textes d’Hannah Arendt (je me suis permis de critiquer le second texte au programme dans un article sur mon blog, De la politique considérée comme un art de mentir), Les liaisons dangereuses (qu’on peut lire d’après Machiavel, Hobbes, Gracian ou Nietzsche), et Lorenzaccio (qu’on peut critiquer, au moins en tant qu’oeuvre romantique – Marcel Aymé a bien critiqué Baudelaire et tout le romantisme dans Le confort intellectuel). Comme il se trouve que je n’ai jamais été un adepte de la vision romantique (même si j’aime certains musiciens romantiques, comme Schubert et Chopin), et que je me méfie des conceptions morales (je suis en général d’accord avec ce qu’écrivent Spinoza, Nietzsche et Clément Rosset), je regarde avec scepticisme ces trois auteurs et leurs oeuvres, même si j’en reconnais les qualités. Gide n’a-t-il pas dit que ce n’est pas avec les bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature ? Dans Les liaisons dangereuses, les bons sentiments paraissent assez ridicules et niais, tandis que les mauvais sont presque séduisants.
Une dernière remarque générale sur les personnages (qu’on fait rarement, je crois) : ils sont plongés dans un monde de valeurs (celles de l’ancien régime et du catholicisme), et que nous les voyons penser, parler et agir depuis un autre monde de valeurs, où domine un « individualisme grégaire » (non, ce n’est pas un oxymore), où tout le monde dit la même chose : « moi d’abord« , ce qui a son côté comique. Aujourd’hui, Cécile aurait « tout » appris du sexe avec les réseaux sociaux et si par par mésaventure, elle tombait enceinte, elle avorterait. Valmont serait un vulgaire « coureur de jupons » menacé de poursuites pour harcèlement sexuel voire pour viol.* Merteuil serait une épouse qui aurait divorcé déjà deux ou trois fois (avec ou sans enfant), et féministe jusqu’à suivre les préceptes de Valérie Solanas**. Tourvel obtiendrait le divorce d’un mari qu’elle n’aime plus pour épouser le Valmont qui finit par tomber amoureux d’elle.
*Au sujet du viol (puisque le roman en décrit deux, celui de Cécile et celui de Mme de Tourvel par Valmont), voici ce qu’en disait Simone de Beauvoir : « l’homme fût-il déférent et courtois, la première pénétration est toujours un viol. « (Le deuxième sexe, Tome premier, chap. III, L’initiation sexuelle, p. 161). Elle se corrigera plus tard (je n’ai pas réussi à retrouver l’endroit où elle fait cette correction) : « je n’accepte pas non plus l’idée que tout coït est un viol. Je trouve même que j’ai été trop loin quand j’ai écrit dans Le deuxième sexe : « La première pénétration est toujours un viol. » Je pensais surtout aux nuits de noces traditionnelles où une vierge ignorante est déflorée plus ou moins maladroitement. Il est vrai que bien souvent, dans toutes les couches de la société, l’homme « prend » la femme sans lui demander son avis et même en usant de sa force ; s’il lui est infligé sans qu’elle le désire, le coït est un viol. » (aujourd’hui on remplacerait « elle le désire » par « elle y consente » – remplacement qui n’est pas anodin : on n’aurait plus affaire à du désir de part et d’autre, mais à une demande en bonne et due forme d’un côté et à une acceptation ou un refus de l’autre, bref à un contrat, ce qui n’est pas sans poser une difficulté concernant la définition du consentement). Beauvoir poursuit : « Mais il peut être aussi un échange de part et d’autre librement consenti ; alors, assimiler l’intromission à un viol c’est retomber dans tous les mythes masculins qui font du membre viril un soc, une épée, une arme dominatrice. » (je souligne le passage qui fait penser à Cécile, violée lors de ce qui n’est pas du tout sa nuit de noces).
**Auteur du fameux Scum manifesto, et aussi d’une tentative de meurtre sur la personne d’Andy Wharol, elle écrit en préambule de son manifeste : « La « vie » dans cette « société » étant, au mieux, terriblement ennuyeuse et aucun aspect de la « société » n’étant pertinent pour les femmes, il ne reste aux femmes engagées, responsables et aventurières que la possibilité de renverser le gouvernement, d’éliminer le système d’argent, d’instituer l’automatisation totale et d’éliminer le sexe masculin. » Solanas n’aime pas les hommes, vérité qui ne souffre d’aucune ambiguïté : l’homme (le mâle) est un « accident biologique« , une « femme manquée« , « égocentrique« , « incapable de partager« , « inapte à l’amour, à l’amitié, à l’affection, la tendresse.(…) Son idée fixe est toujours : baiser, baiser. » (Scum manifesto, Mille et une nuit, 1998, pp. 7-8). Ces propos, que d’aucuns, et d’aucunes, jugeront excessifs, s’appliquent néanmoins parfaitement à Valmont.
Comme j’ai tendance à creuser beaucoup quand j’écris, comme je veux continuer à vagabonder paresseusement et selon mon tempérament et ma culture philosophique et littéraire (je suis retraité et j’écris par plaisir sur ce blog), je vais employer cette méthode : j’étudierai au fur et à mesure les 175 lettres, en dégageant ce qui concerne le « faire croire » et le « se faire croire ».
Les deux « faire croire » massifs du roman sont le fait de Valmont et Merteuil : Valmont séduisant Cécile pour la débaucher et la perdre, puis Tourvel pour la rendre amoureuse afin de vaincre les interdits moraux et religieux qui la retiennent ; Merteuil se vengeant de Germont en se servant de la pauvre Cécile ; ridiculisant Prévan ; faisant croire à ses amies qu’elle est vertueuse, à Cécile qu’elle est son amie, à Danceny qu’elle l’aime assez pour avoir une liaison avec lui.
Je tiendrai compte aussi de la capacité des personnages à « se faire croire » (leur crédulité étant nécessaire pour que fonctionne la tromperie). J’étudierai les « faire croire » des deux personnages et ceux de Tourvel, de Cécile, de Danceny, etc. Je suivrai l’ordre des Lettres (j’en donnerai seulement le numéro), afin que le lecteur suive aisément l’intrigue.
Laisser un commentaire